La COSOME organise une conférence-débat de plaidoyer sur la tolérance politique à la veille des élections de 2015 au Burundi

Rapport de la conférence-débat sur la tolérance politique à la veille des élections de 2015 au Burundi

Résumé exécutif

La tolérance politique vue du conférencier

Pour le conférencier du jour, la tolérance politique passe par la libération de la parole, surtout dans une société comme celle du Burundi où empêcher quelqu’un de s’exprimer est synonyme de le tuer. Cela est particulièrement important en politique.

Par rapport aux élections de 2015, il ne reste plus que 20 mois et le moment est venu de faire l’état des lieux du climat sociopolitique qui prévaut dans le pays.

Revenant sur le rôle de chaque acteur, le conférencier a indiqué que les acteurs étatiques comme le président de la république, les parlementaires, les gouverneurs, les administrateurs communaux doivent dépasser leurs appartenances politiques et mettre en avant l’intérêt général de la population.

De même, les corps de défense et de sécurité, la commission électorale nationale indépendante(CENI) doivent être également neutres
Les autres acteurs dont les observateurs nationaux et étrangers. Leur devoir est de se préparer à temps car les fraudes électorales commencent longtemps à l’avance.

Les questions d’actualités électorales du moment concernent la liberté d’expression, le rôle des jeunes affiliés aux partis politiques, la part des médias publics ainsi que les moyens financiers des élections, a encore estimé le conférencier.

Du côté des acteurs politiques

Lors du débat qui a suivi l’exposé du conférencier, le représentant de l’unité pour le progrès national(UPRONA, actuellement dans les institutions étatiques), Honorable Bonaventure Gasutwa, les élections de 2015 risquent de pâtir de l’instrumentalisation de jeunes affiliés aux partis politiques, surtout les jeunes « Imbonerakure » les plus décriés du Conseil national pour la défense NDD-FDD/forces de défense de la démocratie(CNDD-FDD, au pouvoir).

L’intervenant a recommandé le dialogue et la concertation ainsi que la mise en application de ce qui a été convenu si on veut prétendre construire et consolider une véritable démocratie dans le pays.

Le porte-parole du front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU, opposition extraparlementaire), Fénias, de son côté, a déclaré que sur le terrain, il y a des signaux qui montrent que la démocratie est menacée et que les élections de 2015 risquent d’en pâtir.

Au moins 4O drapeaux du FRODEBU qui ont été déjà volés tandis que les réunions des partis politiques sont empêchées sans raison fondée.

Il y a aussi le terrorisme des jeunes affiliés au parti au pouvoir qui s’exerce au grand jour. Ces jeunes mettent des tenues militaires.

Aujourd’hui, il y a encore des institutions élues du sommet à la base mais cela n’empêche pas l’intolérance politique C’est du terrorisme au quotidien. Le grand problème, c’est l’impunité.

Onésime Nduwimana, porte-parole du CNDD-FDD, quant à lui, a voulu minimiser les incidents de terrain qui se manifestent sous divers aspects, tout en préconisant de s’en remettre à chaque fois à la loi au lieu de préconiser la loi du Talion ou le cercle infernal de la vengeance.

« Au CNDD-FDD, nous nous préparons sereinement aux élections en évitant la provocation d’où qu’elle vienne. Quant à l’intolérance politique, il a estimé que son parti en souffre également à en juger au nombre « important » de permanences du CNDD-FDD qui ont été incendiées à ce jour.

Dans ces recommandations, l’intervenant a soutenu les vertus de la tolérance politique et la neutralité de l’administration.

Le président reconnu par la loi de l’union pour la paix et la développement(UPD), Zed Ferrouzi, de son côté, a plutôt condamné les enchères des partis politiques qui rivalisent d’ardeur pour faire du tort les uns aux autres. Nous devons, en tant qu’acteurs politiques, nous abstenir de l’intolérance politique et respecter la loi.

Il faut des sanctions contre les brebis galeuses. L’Etat doit aussi faire respecter la loi. Nous devons mettre en avant la démocratie en laissant les opinions contraires s’exprimer. Celui qui est au pouvoir veut le garder. Celui qui n’est pas au pouvoir veut y accéder.

Le représentant du Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD, opposition), Natahlie Ndayongeje s’est étonné du désordre politique du moment dans un pays qui ont des institutions administratives du sommet à la base.

Le pays a pourtant des forces de défense et de sécurité, une police, une armée et des lois qui ne demandent qu’à être appliquées.

Le problème de fond, pour lui, est que ces différentes institutions ont de la peine à se libérer de l’emprise du parti d’origine pour faire respecter tout le monde.

Pour lui encore, le MSD respecte les droits politiques des autres, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser faire.

Félix Mboneko, l’actuel vice-président de l’UPRONA, a préconisé la neutralité de l’administration et des mesures de nature à garantir les libertés politiques. Les enchères politiques ne sont pas une bonne chose.

Le FRODEBU et le MSD préconisent de répondre au coup pour coup aux agissements des jeunes du CNDD-FDD au lieu de s’en remettre à la justice, a-t-il fustigé.

De manière générale, il faut aussi sensibiliser les jeunes au respect mutuel, à la tolérance, a encore recommandé le leader de l’UPRONA.

Du côté de la société civile

Pour Pacifique Nininahazwe, le président du FOCODE, la COSOME a bien fait d’organiser une telle rencontre. Quant au reste, « je m’étonne de ce que le porte-parole du CNDD-FDD veut minimiser les incidents politiques du moment. A cela s’ajoutent les bavures des jeunes affiliés au parti au pouvoir.

Les symboles des partis politiques qui sont vandalisés, ce n’est pas une mince affaire. Cela participe du terrorisme politique et c’est celui qui terrorise le plus qui gagne pense gagner les élections.

Mais il ne faut pas oublier que le terrorisme est dommageable pour tous. Les leçons qu’il faut en tirer, c’est que c’est grave que le terrorisme soit l’affaire du parti au pouvoir. Les enchères politiques font suite aux mauvais agissements du parti au pouvoir.

Les cotisations « forcées » ont été également au cœur du débat et pour M.Nininahazwe, il ne suffit pas de les dénoncer. Encore faut-il dresser les listes des militants qui ont été forcés de cotiser avant de dénoncer le parti au pouvoir.

Les cotisations, ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Les activités des partis politiques demandent beaucoup de moyens financiers. Il est donc important que la question soit posée à l’Etat pour plus d’équité dans l’accès aux moyens des élections. Après tout, nous avons tous besoin des partis politiques ».

Parmi les recommandations, l’intervenant à trouvé que la COSOME ferait mieux encore en commanditant des sondages d’opinion à la veille des élections sur le poids réel des prétendant aux élections. Surtout que tous les partis se disent gagnants à l’avance.

Mme Gertrude Kazoviyo, de l’observatoire de l’action gouvernementale(OAG), quant à elle, à dit que du côté des associations de la société civile, on avait été content de voir les partis politiques commencer à aller sur le terrain pour écouter les citoyens et leurs problèmes à l’approche des élections de 2015.

Cependant, les indications de terrain montrent que seulement sept partis politiques sont visibles sur le terrain.

L’autre motif d’inquiétude pour elle est que les partis ne sont pas libres d’aller en provinces et en communes, contrairement à celui qui est actuellement au pouvoir. «Je n’ai jamais entendu le CNDD-FDD se plaindre d’entraves d’accès sur le terrain.

Par ailleurs, l’intolérance politique s’explique par des cotisations forées, des drapeaux qu’on arrache.

Ce n’est pas bon signe. Espérons que ce genre d’émission que la COSOME a organisé va contribuer à changer les choses afin que les acteurs politiques aient des chances égales d’accès sur le terrain et aux populations.

Jean Mfatukobiri a d’abord remercié la COSOME qui a pris l’initiative d’organiser cette rencontre. Pour le reste, « la tolérance s’apprend.
Là où il n’y a pas de tolérance, le pays court un danger réel. Le rôle des institutions étatiques, de la société civile et des partis politiques est important. Les gens sont tués, persécutés. Il faut éradiquer ces comportements ».

Nduwimana Emile, d’une organisation membre de la COSOME a dit ne pas comprendre ceux qui recommandent à ce que les jeunes des différents partis politiques se rentrent dedans au lieu de préconiser la tolérance mutuelle.

Au niveau de l’information et de sa diffusion : la télévision nationale ne changera pas. Ce n’est pas la peine d’insister. Tous les samedis, elle ne parle que des travaux communautaires auxquels se livrent des dirigeants au pouvoir. Quant aux fraudes électorales, il faut savoir apporter des preuves et punir les coupables dans tous les cas.

4. Conclusion

Dans sa conclusion et synthèse des débats, le conférencier a dit qu’au regard des échanges, il y a de l’espoir par rapport aux élections de 2015. Nous devons savoir que le Burundi sera ce que nous en ferons. Les uns et les autres ont identifié ce qui ne va pas et qu’il faut corriger. Tout le monde fustige l’intolérance politique.
Ce qu’il faut demander, c’est que les administratifs découragent ceux qui usurpent les pouvoirs de maintenir l’ordre public, d’arracher les drapeaux des adversaires politiques.

Le parti au pouvoir est particulièrement interpellé. Par ailleurs, la sous-région a beaucoup souffert, y compris le Burundi.

On tue deux fois les jeunes qui sont instrumentalisés le temps d’une élection et sont laissés à eux-mêmes par la suite.

Dans cette sous-région, le Burundi est plus avancé sur le plan diplomatique. Il ne faut donc pas qu’il y ait un parti au pouvoir ou un prétendant au pouvoir qui prenne la responsabilité de faire reculer la démocratie.

Pour que la démocratie soit forte, il faut accepter le pluralisme politique et celui des idées. Pour le reste, ne vous étonnez pas de la guerre entre les partis principaux partis politiques. Le CNDD-FDD, les FNL, le FRODEBU se chicanent pour les voix.

Si seulement ils pouvaient le faire de manière démocratique. Nous avons un ultime message à donner: quand vous dirigez, il ne faut pas dérouter les administrés. Il faut donner de l’emploi aux jeunes et ils cesseront de se laisser manipuler par les politiciens.

Il faut enfin que les acteurs politiques joignent la parole à l’action et mettent en avant l’intérêt général de la population.

5. Recommandations

• Aux partis politiques :

– Mettre en avant les vertus du dialogue
– Faire preuve de tolérance politique
– Respecter et faire respecter la loi
– Sensibiliser les jeunes à la tolérance politique
– Respecter et consolider la démocratie en interne
– Mettre en avant les projets de société
– Aller à la rencontre de la population et délivrer des messages constructifs

• A l’administration :

– Faire preuve de neutralité politique
– Faciliter les activités des partis politiques
– Encadrer la jeunesse
– Se référer à la loi
– Mieux réglementer les activités des partis politiques

• A la société civile :

– Multiplier ce genre de rencontres de dialogue entre les acteurs politiques
– Mener des sondages d’opinion sur le poids réel des partis politiques

• Aux corps de défense et de sécurité :

– Faire preuve de neutralité politique
– Etre réellement des corps de défense et de sécurité républicaine
– Maintenir l’ordre public et la sécurité du pays

• A la CENI :
– Faire preuve de neutralité politique
– Préparer à temps les moyens et les élections

• Aux médias :

– Donner un accès égal et équitable à tous les acteurs politiques
– Faire preuve de professionnalisme

• A Conseil national de la communication

– Faire réellement preuve d’organe de régulation des médias
– Rappeler à l’ordre les médias égarés
– Faire respecter l’accès équitable aux médias, surtout publics

1. Contexte et justification

La conférence-débat coïncide avec la célébration de la journée internationale de la démocratie qui a lieu le 15 septembre de chaque année.

C’est le 8 novembre 2007 que l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 15 septembre, Journée internationale de la démocratie.

Depuis, il est question que les Etats membres et les organisations non gouvernementales célèbrent cette journée pour le faire le point des progrès mais aussi des défis qui restent à relever sur le chemin de la construction et la consolidation de cette valeur universelle.

Le Burundi est à deux ans de nouvelles échéances élections après les précédentes de 2005 et 2010.

Les premières élections de l’ère démocratique avaient eu lieu en 1993, suivi d’une guerre civile qui a pris fin en 2003, grâce à la signature d’un accord global de cessez-le-feu.

La démocratie étant un processus mais aussi un idéal à atteindre, la conférence-débat vise l’objectif de faire l’état des lieux global, les défis mais aussi les perspectives d’avenir pour le Burundi par rapport aux valeurs et principes démocratiques qui riment avec la tolérance politique, l’alternance au pouvoir, la tenue régulière des élections ou encore avec la liberté d’émettre ses opinions sans craindre pour sa vie.

C’est dans ce sens que la COSOME a proposé aux acteurs politiques, aux représentants du peuple, à ceux de la société civile et des confessions religieuses à se retrouver, pendant deux heures, dans une conférence-débat qui sera relayé en direct par plusieurs radios de grande écoute, pour faire le point sur le thème central de «La tolérance politique à la veille des élections de 2015 au Burundi».

Un journaliste chevronné a été identifié et désigné pour servir d’animateur et modérateur lors de la conférence-débat dont le conférencier principal est l’ancien président de la république et sénateur, Sylvestre Ntibantunganya.

2. Introduction

La Coalition de la société civile pour le monitoring électoral (COSOME) a organisé, en date du 17 septembre 2013, une conférence-débat de plaidoyer à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la démocratie avec l’aide financière de NED sous le thème d’actualité au Burundi : « La tolérance politique à la veille des élections générales de 2015 ».

La COSOME et son partenaire financier ont eu droit à des remerciements pour l’initiative de réunir des gens de divers horizons sur un thème aussi important que la tolérance politique dans le contexte préélectoral du moment qui est marqué par la suspicion, le manque de confiance et de dialogue pourtant plus que nécessaire à la veille de nouvelles échéances électorales et sur fond de contentieux électoral mal résolu de 2010.

Cette soif de dialogue s’est manifestée par la présence massive de pratiquement tous les invités, dont des parlementaires, des représentants de la société civile, des partenaires du système des nations unies, comme le bureau des nations unies au Burundi ont également pris part à la rencontre et des médias.

Les partis politiques et les autres participants invités ont tous répondu présents et se sont exprimés librement, franchement, dans la courtoisie et se sont séparés sur des engagements à cohabiter pacifiquement, dans la tolérance, le dialogue pour que les prochaines élections soient meilleures, transparentes, inclusives, justes, équitables et démocratiques.

Cependant, deux heures d’une émission diffusée en direct sur quatre grandes radios n’ont pas semblé suffisantes à épuiser le débat et nombreux sont les participants qui ont encouragé la COSOME à multiplier ce genre de rencontres afin de renouer le file du dialogue qui reste difficile alors que c’est la voie obligée pour aplanir les tensions préélectorales et aller aux échéances de 2015 dans un climat apaisé par des lois et règlements consensuels.

L’ancien chef de l’Etat et sénateur, Sylvestre Ntibantunganya, a été invité en tant que conférencier et politicien expérimenté pour animer et modérer le débat et s’est montré à la hauteur des attentes en prodiguant des conseils à travers les leçons du passé et celles qu’il faut tirer pour éviter de retomber dans des contestations des résultats électoraux comme cela s’est vu en 2010 et surtout en 1993 où un chef de l’Etat démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, a été assassiné.

Les participants se sont encore accordés sur la nécessité de tout faire pour ne pas retomber dans les travers du passé en combattant l’impunité et les autres actions portent atteinte aux insignes des partis politiques, comme l’arrachage ou la dégradation des drapeaux, leur implantation anarchique, l’instrumentalisation de jeunes affiliés aux partis, les entraves administratives qui s’observent quand il s’agit de tenir des réunions, le manque de neutralité des corps de défense et de sécurité et de l’administration.

6. Déroulement des travaux

a. Présentation du conférencier

Dans sa présentation, le conférencier a d’abord estimé que le thème de la conférence, à savoir la tolérance politique à la veille des élections de 2015 était « une question à la fois simple et compliquée ».

La tolérance politique signifie avant tout le droit à la parole. C’est vital. La liberté d’expression permet d’aider à corriger ce qui ne va pas. C’est surtout très important en politique.

Par rapport aux élections de 2015, il ne reste plus que 20 mois. C’est le moment de faire le point des taches à accomplir.

Les élections seront groupées comme l’ont décidé les acteurs politiques à Kayanza au mois de mai dernier. Nous avons en vue les présidentielles, les parlementaires, les communales et les élections des échelons encore plus bas. Les élections auront encore lieu 20 ans après l’assassinat du président démocratiquement élu et ce qui s’en est suivi à cause de l’intolérance politique. L’enfant qui est né après cet évènement malheureux sera demain un électeur majeur.

Les prochaines élections verront encore la participation des électeurs qui n’ont pas eu de rôle direct à jouer dans les évènements sanglants des années passées.

En 1993, le PALIPEHUTU (parti pour la libération du peuple Hutu n’avait pas pris part aux élections de l’époque. De même, en 2005. En 2010, le PALIPEHUTU était devenu les forces nationales de libération (FNL) et a participé avant de se retirer au niveau des communales pour protester contre les fraudes.

Est-ce qu’en 2015, tous les grands partis vont participer ? Certains n’existent cependant que de nom.

Autre chose, ces élections auront lieu après deux mandats du régime actuellement en place. Par ailleurs, nous devons tenir compte du contexte sociopolitique et sécuritaire de la région des grands lacs qui n’est pas encore calme.

Au niveau national, Il faut tenir compte de quatre catégories d’acteurs incontournables dans le processus électoral de 2015:
– La population

Les élections n’auraient pas de sens sans la participation massive de la population qui est un maillon important de la chaîne.

– Les acteurs politiques

La seconde catégorie est celle des acteurs politiques. Souvent, les problèmes viennent de ce côté. Les partis doivent être libres d’approcher les électeurs pour vendre les projets de société. Les années passées, il y avait des considérations ethniques pour briguer les suffrages de la population. Aujourd’hui, ce sont les projets de société qui comptent.

– Les institutions étatiques

La troisième catégorie est faite des institutions étatiques : le président de la république, les députés et sénateurs, les ministres, les gouverneurs, les administrateurs, les policiers, les juges.

S’il fallait revenir sur le rôle de chacun, le président de la république, les parlementaires, les gouverneurs, les administrateurs ont des partis d’origine. Ils ne doivent cependant pas mettre en avant les intérêts partisans. Quand ils légifèrent ou appliquent les lois, ils doivent mettre de côté les considérations partisanes. En période électorale, ils doivent renoncer à certaines pratiques. Les corps de défense et de sécurité doivent être également neutres.

La CENI a également un rôle important à jouer et doit être neutre. Ces membres doivent être des gens intègres et responsables.

– Les observateurs nationaux et internationaux

Les autres acteurs importants sont les observateurs nationaux et étrangers. Leur devoir est de se préparer à temps, car les fraudes électorales commencent longtemps à l’avance.

Les autres questions d’importances portent sur la liberté d’expression, le rôle des jeunes affiliés aux partis politiques, comment les idées et opinions politiques doivent être relayées dans les médias publics. L’autre question qui risque de se poser est celle des moyens des élections.

– Au niveau de la liberté d’opinion

Les tenants du pouvoir aiment monopoliser le terrain politique. Les réunions des partis politiques à l’intérieur du pays sont compliquées par les administratifs à la base qui gênent parfois les acteurs politiques de l’opposition en recourant à la police ou aux jeunes affiliés aux partis politiques.

Des fois, on s’en prend aux symboles des partis politiques, comme les drapeaux. L’administration à la base devrait décourager ces pratiques. Il faut appliquer la loi dans pareils cas qui peuvent causer du tord à la commune et au pays.

Ce qu’il faut plutôt faire, c’est de garantir la sécurité des réunions publiques, dans le respect de la loi.

Dans la vie des partis politiques, il y a aussi les divisions internes à cause de la mauvaise gouvernance des leaders. Des fois, les pouvoirs publics se rendent complices de ces divisions internes. Des fois, le pouvoir soutient des leaders fantoches.

– L’instrumentalisation des jeunes

Autre chose, c’est l’instrumentalisation des jeunes. Certains partis misent sur les jeunes pour se consolider. Il y a des conséquences fâcheuses à cet état de fait. Il se passe rarement des jours sans que les médias ne rapportent le mauvais comportement des jeunes.

Cela ne se comprend pas comment les gouverneurs et les administrateurs communaux ferment les yeux sur certains comportements des jeunes comme le maintien de la paix à la place des institutions mandatées.

On dirait que les administratifs sont devenus impuissants. Il est normalement interdit que les jeunes interviennent dans ce genre d’affaires sans l’autorisation des administratifs à la base.

Dans le cas contraire, les administratifs défaillants devraient être démis de leurs fonctions. Les corps de défense et de sécurité doivent également rester neutres. Ils ne sont pas non plus contents que d’autres individus se substituent à eux dans le maintien de l’ordre public.

Ce ne sont pas les « Ivyuma vy’indege », les « Intakangwa », « Imbonerakure », « Indarangavye » à qui il revient de maintenir l’ordre public. En cas de nécessité, on recourt à tout le monde.

Il faut faire extrêmement attention à ce niveau. L’autre anomalie, ce sont les enchères entre les acteurs politiques qui préconisent la vengeance.

Autre chose, c’est le rôle des médias publics qui sont monopolisés par le gouvernement. Ce n’est pas de l’information, mais de la propagande.

Quand il s’agit de donner la parole à l’opposition, les médias publics regardent ailleurs. Le conseil national de la communication (CNC) doit jouer son rôle constitutionnel. Le CNC doit prendre les mesures qui s’imposent pour garantir l’accès équitable aux médias de toutes les catégories sociopolitiques.

Dernier point, c’est la répartition équitable des moyens à tous les acteurs politiques.

7. Débat

Le débat a été riche, varié et franc aussi bien du côté des acteurs politiques et de la société civile grâce à une bonne modération du conférencier respecté de tous pour son expérience et sa pondération.

Le représentant de l’unité pour le progrès national (UPRONA, actuellement dans les institutions étatiques), Honorable Bonaventure Gasutwa, a estimé que les élections de 2015 risquaient de pâtir de l’instrumentalisation de jeunes affiliés aux partis politiques, surtout les jeunes « Imbonerakure » les plus décriés du Conseil national pour la défense NDD-FDD/forces de défense de la démocratie(CNDD-FDD, au pouvoir).

Pour ne pas en arriver là, l’intervenant a recommandé le dialogue et la concertation ainsi que la mise en application de ce qui a été déjà convenu lors d’autres rencontre d’échanges si on veut prétendre construire et consolider une véritable démocratie dans le pays.

Le porte-parole du front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU, opposition extraparlementaire), Fénias, de son côté, a déclaré que sur le terrain, il y a des signaux qui montrent que la démocratie est menacée et que les élections de 2015 risquent d’en pâtir.

Au moins 4O drapeaux du FRODEBU qui ont été déjà volés tandis que les réunions des partis politiques sont empêchées sans raison fondée.

Il y a aussi le terrorisme des jeunes affiliés au parti au pouvoir qui s’exerce au grand jour. Ces jeunes mettent des tenues militaires.

Aujourd’hui, il y a encore des institutions élues du sommet à la base mais cela n’empêche pas l’intolérance politique C’est du terrorisme au quotidien. Le grand problème, c’est l’impunité.

Onésime Nduwimana, porte-parole du CNDD-FDD, quant à lui, a voulu minimiser les incidents de terrain qui se manifestent sous divers aspects, tout en préconisant de s’en remettre à chaque fois à la loi au lieu de préconiser la loi du Talion ou le cercle infernal de la vengeance.

« Au CNDD-FDD, nous nous préparons sereinement aux élections en évitant la provocation d’où qu’elle vienne. Quant à l’intolérance politique, il a estimé que son parti en souffre également à en juger au nombre « important » de permanences du CNDD-FDD qui ont été incendiées à ce jour.

Dans ces recommandations, l’intervenant a soutenu les vertus de la tolérance politique et la neutralité de l’administration.

Le président reconnu par la loi de l’union pour la paix et la développement(UPD), Zed Ferrouzi, de son côté, a plutôt condamné les enchères des partis politiques qui rivalisent d’ardeur pour faire du tort les uns aux autres. Nous devons, en tant qu’acteurs politiques, nous abstenir de l’intolérance politique et respecter la loi.

Il faut des sanctions contre les brebis galeuses. L’Etat doit aussi faire respecter la loi. Nous devons mettre en avant la démocratie en laissant les opinions contraires s’exprimer. Celui qui est au pouvoir veut le garder. Celui qui n’est pas au pouvoir veut y accéder.

Le représentant du Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD, opposition), Natahlie Ndayongeje s’est étonné du désordre politique du moment dans un pays qui ont des institutions administratives du sommet à la base.

Le pays a pourtant des forces de défense et de sécurité, une police, une armée et des lois qui ne demandent qu’à être appliquées.

Le problème de fond, pour lui, est que ces différentes institutions ont de la peine à se libérer de l’emprise du parti d’origine pour faire respecter tout le monde.

Pour lui encore, le MSD respecte les droits politiques des autres, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser faire.

Félix Mboneko, l’actuel vice-président de l’UPRONA, a préconisé la neutralité de l’administration et des mesures de nature à garantir les libertés politiques. Les enchères politiques ne sont pas une bonne chose.
Le FRODEBU et le MSD préconisent de répondre au coup pour coup aux agissements des jeunes du CNDD-FDD au lieu de s’en remettre à la justice, a-t-il fustigé.

De manière générale, il faut aussi sensibiliser les jeunes au respect mutuel, à la tolérance, a encore recommandé le leader de l’UPRONA.

Pour Pacifique Nininahazwe, le président du FOCODE, la COSOME a bien fait d’organiser une telle rencontre. Quant au reste, « je m’étonne de ce que le porte-parole du CNDD-FDD veut minimiser les incidents politiques du moment. A cela s’ajoutent les bavures des jeunes affiliés au parti au pouvoir.

Les symboles des partis politiques qui sont vandalisés, ce n’est pas une mince affaire. Cela participe du terrorisme politique et c’est celui qui terrorise le plus qui gagne pense gagner les élections.

Mais il ne faut pas oublier que le terrorisme est dommageable pour tous. Les leçons qu’il faut en tirer, c’est que c’est grave que le terrorisme soit l’affaire du parti au pouvoir. Les enchères politiques font suite aux mauvais agissements du parti au pouvoir.

Les cotisations « forcées » ont été également au cœur du débat et pour M.Nininahazwe, il ne suffit pas de les dénoncer. Encore faut-il dresser les listes des militants qui ont été forcés de cotiser avant de dénoncer le parti au pouvoir.

Les cotisations, ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Les activités des partis politiques demandent beaucoup de moyens financiers. Il est donc important que la question soit posée à l’Etat pour plus d’équité dans l’accès aux moyens des élections. Après tout, nous avons tous besoin des partis politiques ».

Parmi les recommandations, l’intervenant à trouvé que la COSOME ferait mieux encore en commanditant des sondages d’opinion à la veille des élections sur le poids réel des prétendant aux élections. Surtout que tous les partis se disent gagnants à l’avance.

Mme Gertrude Kazoviyo, de l’observatoire de l’action gouvernementale(OAG), quant à elle, à dit que du côté des associations de la société civile, on avait été content de voir les partis politiques commencer à aller sur le terrain pour écouter les citoyens et leurs problèmes à l’approche des élections de 2015.

Cependant, les indications de terrain montrent que seulement sept partis politiques sont visibles sur le terrain.

L’autre motif d’inquiétude pour elle est que les partis ne sont pas libres d’aller en provinces et en communes, contrairement à celui qui est actuellement au pouvoir. «Je n’ai jamais entendu le CNDD-FDD se plaindre d’entraves d’accès sur le terrain.

Par ailleurs, l’intolérance politique s’explique par des cotisations forées, des drapeaux qu’on arrache.

Ce n’est pas bon signe. Espérons que ce genre d’émission que la COSOME a organisé va contribuer à changer les choses afin que les acteurs politiques aient des chances égales d’accès sur le terrain et aux populations.

Jean Mfatukobiri a d’abord remercié la COSOME qui a pris l’initiative d’organiser cette rencontre. Pour le reste, « la tolérance s’apprend.

Là où il n’y a pas de tolérance, le pays court un danger réel. Le rôle des institutions étatiques, de la société civile et des partis politiques est important. Les gens sont tués, persécutés. Il faut éradiquer ces comportements ».

Nduwimana Emile, d’une organisation membre de la COSOME a dit ne pas comprendre ceux qui recommandent à ce que les jeunes des différents partis politiques se rentrent dedans au lieu de préconiser la tolérance mutuelle.

Au niveau de l’information et de sa diffusion : la télévision nationale ne changera pas. Ce n’est pas la peine d’insister. Tous les samedis, elle ne parle que des travaux communautaires auxquels se livrent des dirigeants au pouvoir. Quant aux fraudes électorales, il faut savoir apporter des preuves et punir les coupables dans tous les cas.

8. Conclusion

Dans sa conclusion et synthèse des débats, le conférencier a dit qu’au regard des échanges, il y a de l’espoir par rapport aux élections de 2015. Nous devons savoir que le Burundi sera ce que nous en ferons. Les uns et les autres ont identifié ce qui ne va pas et qu’il faut corriger. Tout le monde fustige l’intolérance politique.

Ce qu’il faut demander, c’est que les administratifs découragent ceux qui usurpent les pouvoirs de maintenir l’ordre public, d’arracher les drapeaux des adversaires politiques.

Le parti au pouvoir est particulièrement interpellé. Par ailleurs, la sous-région a beaucoup souffert, y compris le Burundi.
On tue deux fois les jeunes qui sont instrumentalisés le temps d’une élection et sont laissés à eux-mêmes par la suite.

Dans cette sous-région, le Burundi est plus avancé sur le plan diplomatique. Il ne faut donc pas qu’il y ait un parti au pouvoir ou un prétendant au pouvoir qui prenne la responsabilité de faire reculer la démocratie.

Pour que la démocratie soit forte, il faut accepter le pluralisme politique et celui des idées. Pour le reste, ne vous étonnez pas de la guerre entre les partis principaux partis politiques. Le CNDD-FDD, les FNL, le FRODEBU se chicanent pour les voix.

Si seulement ils pouvaient le faire de manière démocratique. Nous avons un ultime message à donner: quand vous dirigez, il ne faut pas dérouter les administrés. Il faut donner de l’emploi aux jeunes et ils cesseront de se laisser manipuler par les politiciens.

Il faut enfin que les acteurs politiques joignent la parole à l’action et mettent en avant l’intérêt général de la population.

9. Recommandations

• Aux partis politiques :

– Mettre en avant les vertus du dialogue
– Faire preuve de tolérance politique
– Respecter et faire respecter la loi
– Sensibiliser les jeunes à la tolérance politique
– Respecter et consolider la démocratie en interne
– Mettre en avant les projets de société
– Aller à la rencontre de la population et délivrer des messages constructifs

• A l’administration :

– Faire preuve de neutralité politique
– Faciliter les activités des partis politiques
– Encadrer la jeunesse
– Se référer à la loi
– Mieux réglementer les activités des partis politiques

• A la société civile :

– Multiplier ce genre de rencontres de dialogue entre les acteurs politiques
– Mener des sondages d’opinion sur le poids réel des partis politiques

• Aux corps de défense et de sécurité :

– Faire preuve de neutralité politique
– Etre réellement des corps de défense et de sécurité républicaine
– Maintenir l’ordre public et la sécurité du pays

• A la CENI :
– Faire preuve de neutralité politique
– Préparer à temps les moyens et les élections

• Aux médias :

– Donner un accès égal et équitable à tous les acteurs politiques
– Faire preuve de professionnalisme

• A Conseil national de la communication

– Faire réellement preuve d’organe de régulation des médias
– Rappeler à l’ordre les médias égarés
– Faire respecter l’accès équitable aux médias, surtout publics

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